La Voie des Anges
Angéologie
L'archange RAPHAËL
Le Médecin du Ciel
RAPHAËL fait partie de la trilogie des archanges reconnus et vénérés par les chrétiens. Il est également l'un des quatre archanges de la tradition hermétique.
Son nom hébreux signifie : "Dieu qui guérit" ou "le remède de Dieu".
RAPHAËL dans le Coran
RAPHAËL est également connu des musulmans sous le nom d'ISRÂFIL. Même s’il n’est pas mentionné directement dans le texte coranique, la Tradition, à travers de nombreux hadiths prophétiques, atteste que c’est bien Isrâfil qui est l’Ange dépositaire de la Trompe et qui est chargé de souffler à deux reprises dans celle-ci à la fin des Temps.
Et on soufflera dans la Trompe, et voilà que ceux qui seront dans les cieux et ceux qui seront sur la terre seront foudroyés, sauf ceux qu´Allah voudra [épargner]. Puis on y soufflera, et voilà debout à regarder.
Sourate 39 – verset 68
Nous les laisserons, ce jour-là, déferler comme les flots les uns sur les autres, et on soufflera dans la Trompe et Nous les rassemblerons tous.
Sourate 18 – verset 99
Dans la littérature traditionnelle islamique, il est généralement décrit comme ayant un corps velu et couvert de bouches et de langues et qui va du septième ciel au trône de Dieu. Une aile protège son corps, une autre le protège de Dieu, tandis que les deux autres s'étendent à l'est et à l'ouest. Il est vaincu par le chagrin et les larmes trois fois par jour et chaque nuit à la vue de l'enfer. On dit qu'Isrāfīl a instruit Mahommet pendant trois ans dans ses fonctions de prophète avant qu'il ne puisse recevoir le Coran.
RAPHAËL dans la Bible
Il fait également partie de la tradition judaïque, bien que n'étant pas cité dans la Bible hébraÏque. En effet, la seule référence à RAPHAËL est celle que l'on trouve dans le Livre de Tobie, qui a été inclus par les chrétiens à l'Ancien Testament bien que ne faisant pas partie du canon des Écritures hébraïques. Un fragment en araméen de ce livre a pourtant été retrouvé parmi les manuscrits de la mer Morte découverts dans les années 1950 près de Qumrân en Israël (voir Les anges et les Esséniens).
Le voyage de Tobie
Dans le récit du livre est raconté le long voyage que fait le jeune Tobie, fils de Tobit, assorti d'un inconnu qui s'est proposé de l'accompagné dans son périple. Lors de leur retour, celui-ci guérira de sa cécité le père de Tobie et lui rendra la vue grâce à un remède confectionné à l'aide de fiel, de coeur et de foie de poisson. Ce même mélange lui permettra également de chasser le démon de la future épouse de Tobie, Sarah.
Ce n'est qu'à l'issue de ce récit que l'inconnu lui révèlera son identité en lui disant :
" Moi, je suis Raphaël, l’un des sept anges qui se tiennent ou se présentent devant la gloire du Seigneur."
Tob. 12.15
Ce récit reste présent dans l'iconographie de RAPHAËL et dans ses représentations picturales où on le voit accompagné d'un jeune homme et portant l'un ou l'autre un poisson.
RAPHAËL dans le Livre d'Hénoch
RAPHAËL est par ailleurs également nommé dans le fameux texte apocryphe attribué au patriarche Énoch (voir Le livre d’Énoch) :
Puis le Seigneur dit à Raphaël : Prends Azazel, lie-lui les pieds et les mains ; jette-le dans les ténèbres ; et abandonne-le dans le désert de Dudael.
Hénoch 10-6
Apparitions de l'archange RAPHAËL
Apparition à Jérusalem
...un grand nombre de malades, [...] attendant le mouvement de l'eau. Car un Ange descendait en certains temps au lavoir, et troublait l'eau; et alors le premier qui descendait au lavoir après que l'eau en avait été troublée, était guéri, de quelque maladie qu'il fût détenu.
Jean:5-4
Cet Ange, croit-on, était RAPHAËL que l'Eglise appelle : Angelus nostrae medicus salutis (ange médecin de notre santé).
Apparition de Venise
Selon une tradition, RAPHAËL apparut à Saint Magnus, évêque d'Héraclée, qui avait trouvé refuge à Venise. L'archange lui ordonna de lui ériger une église dans un lieu qui devint plus tard un quartier de Venise (Dorso duro). L'évêque obéit et on dit qu'il eut alors les révélations de l'avenir glorieux qu'allait connaître la ville des doges. L'Archange RAPHAËL reste depuis un des protecteurs de Venise.
Apparition de Cordoue
L'Archange RAPHAËL serait apparu au XVIe siècle à Cordoue, en Espagne, alors que la ville était dévastée par une terrible peste. Un religieux supplia l'archange de leur venir en aide. Il fut entendu et RAPHAËL lui apparut en la personne d'un très beau jeune homme qui lui dit :
Je suis Raphaël; je viens à ton aide; tes prières, tes aumônes, surtout ton humilité et ta charité sont d'un grand, si grand prix aux yeux de Dieu qu'Il calmera son courroux, détournera le fléau et fera sentir à cette ville éprouvée les douceurs de sa clémence. Va trouver l'évêque et dis-lui qu'il mette mon image sur le clocher de la cathédrale et qu'il exhorte le peuple à recourir à moi. Immédiatement les malades seront guéris, à la seule condition de demander "la médecine de Dieu". Apprends aussi que tous ceux qui porteront mon image et recourront à mon intercession seront délivrés de tout mal et en particulier de l'impur Asmodée qui perd les hommes et leur enlève la grâce de Dieu.
Toute la ville obéit à cette injonction de l'archange et le fléau disparut. Suite à l'évènement, le pape Innocent X autorisa la célébration locale d'une fête en l'honneur de l'Archange le 7 mai, date de la céleste apparition afin d'en perpétuer le souvenir. Depuis de nombreux édifices ont été construits et dédiés à l'archange RAPHAËL et de nombreuses statues qui le représentent ornent les places de la ville.
Apparition à Saint Jean de Dieu
"Jean, je suis l'archange RAPHAËL, envoyé par Dieu pour t'assister dans ton charitable labeur. Le Seigneur m'a confié la garde de ta personne et de tous ceux qui, avec toi, serviront le Seigneur. Je tiens un compte fidèle de tes actions et des aumônes qui te sont faites. J'ai pour mission de protéger ceux qui favorisent tes oeuvres de charité."
En hommage à cela, de nombreux établissements des Frères Hospitaliers de Saint-Jean sont encore à ce jour appelés «Centres Raphaël».
Apparition à Sainte Marie-Francoise
En 1789, l'archange RAPHAËL apparut à Sainte Marie-Francoise sous la forme d'un être d'une beauté extraordinaire. Il lui annonça qu'il était envoyé pour la délivrer de ses plaies (stigmates).
Apparition en France au 19è siècle
Thomas Martin demanda son nom à l'inconnu qui le visitait. Celui-ci lui répondit tout d'abord :
"Mon nom restera inconnu; je viens de la part de Celui qui m'a envoyé et Celui qui m'a envoyé est au-dessus de moi (en montrant le ciel)."
Plus tard, il lui confiera :
"Je suis l'archange RAPHAËL, ange très célèbre auprès de Dieu;
Je vous défends de vous prosterner devant moi, parce que je ne suis qu'un serviteur comme vous."
Le récit de cette aventure rendit célèbre Thomas Martin et fut relaté dans un ouvrage publié en 1886 : Les Vingt-cinq Apparitions de l'archange Raphaël au laboureur Thomas-Ignace Martin (consultable ici).
Dévotions à l'archange RAPHAËL
Le culte de l'archange RAPHAËL semble existé chez les chrétiens depuis les premiers siècles. RAPHAËL était déjà honoré en France sous Charlemagne, vers l'an 800 : un autel lui a été dédié à cette époque dans l'abbaye de Centula près d'Amiens.
Une prière à l'archange pour obtenir la guérison de l'âme et du corps nous est également parvenue d'un manuscrit datant du XI° siècle (voir ici).
RAPHAËL est fêté dans le calendrier liturgique chrétien depuis le XIIe siècle. Avant la révision du calendrier en 1959 (Réforme Vatican II), la fête de l'archange RAPHAËL était célébrée le 24 octobre. Depuis elle est combinée avec celle des archanges Michaël et Gabriel le 29 septembre.
RAPHAËL est désigné par l’Église Saint patron des « voyageurs sur terre, sur mer et dans les airs ». Il fut aussi dans le passé le patron des fiancés ainsi que des pharmaciens au Moyen-Âge (en Allemagne) : leurs devantures étaient ornées d'un ange d'or.
On l'invoquait aussi pour protéger les mineurs et les personnes exerçant des métiers dangereux. Les marins de Venise lui demandaient de les protéger des tempêtes et à Florence, chaque adolescent partant en voyage se mettait sous sa protection.
La tradition populaire associe depuis toujours RAPHAËL à l'aide, au service et à la guérison.
Souvenons-nous que les anges ont un rôle de messager, une fonction d'intermédiaire entre le Divin et la Création; c'est le sens même du mot ange (du grec : aggelos). Et le nom que l'on a donné à certains d'entre eux caractérise la fonction spécifique qui est la leur. Ainsi, RAPHAËL signifie, en hébreux, « le remède de Dieu » ou « Dieu qui guérit », car lorsqu'il a touché les yeux de Tobit pour le guérir, il a banni l'obscurité de sa cécité. De fait, puisqu'il a reçu cette mission, il est à juste titre appelé le « remède de Dieu ».
À noter ici la similitude avec le culte voué à un autre Saint, St Christophe, que l'on prie également pour demander sa protection lorsqu'on voyage, en raison d'un épisode de la vie de Jésus où, enfant, il fut aidé pour traverser une rivière en étant porté par Christophe (du grec : qui porte le Christ).
Le rôle spirituel de l'archange RAPHAËL
La lecture symbolique du récit relaté dans le Livre de Tobie nous invite à considérer les aspects de la fonction de RAPHAËL d'un point de vue spirituel.
Le récit du voyage de Tobie est celui d'un voyage initiatique, celui du "retour à la maison".
Quelques rappels de ce récit : le père, Tobit, atteint de cécité prie pour être délivré de son mal et Sarra, qu'épousera Tobie et qui est victime d’un démon qui a tué tous ses précédants époux, prie également, désespérée, pour être délivrée de sa possession (Tob.3,7-15).
C'est en réponse à leurs prières que RAPHAËL est envoyé (Tob.3,16-17).
« Demandez et il vous sera donné »
Luc XI, 9
Pour réaliser sa mission, RAPHAËL a choisi Tobie qu'il accompagne lors de son périple. Nous voyons là que RAPHAËL est un être bienveillant, à l'image de l'aîné qui prend le plus jeune par la main, pour le conduire sur un chemin périlleux et semé d'embûches. C'est le chemin de tous les pèlerins, de tous ceux qui sont en démarche de recherche spirituelle, en quête de Paix, de Lumière et d'Amour, en quête du Divin.
Et c'est grâce à l'accompagnement et à l'intercession de l'accompagnant qu'est RAPHAËL que cette quête peut être atteinte. Tobie est le pélerin que nous sommes tous sur le chemin de la vie.
Tobie témoigne également d’une foi, d'une réelle confiance en la providence qui se manifeste quand tout semble perdu. Ne sommes-nous pas tous accompagnés sur ce chemin sans toujours nous en rendre compte : hasards, rencontres, synchronicité... A moins d'avoir appris à voir, à éclairer notre regard, à le guérir de sa cécité après avoir appris aussi à demander. Demander c'est s'en remettre à plus haut, à des plans qui nous sont supérieurs là où ce que nous sommes dans cette réalité ne suffit plus à nous aider à avancer.
Dans l'intervention de RAPHAËL il y également deux formes de guérisons : une guérison sur le plan physique et une autre sur un plan métaphysique, la première concernant une infirmité du corps et la seconde une infirmité de l'âme. Une double intervention dans le corps et dans l'esprit mettant en jeu ce rapport de l'Ombre et de la Lumière. Tout comme l'obscurité est chassée des yeux de Tobit, elle l'est aussi de Sarra qui se voit délivrée du démon.
RAPHAËL leur apporte à tous deux la guérison en opposant à l'obscurité la Force de la Lumière. L'obscurité spirituelle c'est l'ignorance, l'absence de la connaissance, de la re-connaissance de notre nature double, de cette autre dimension de nous-même qui nous relie au Divin. RAPHAËL est là pour nous révéler cette connaissance, pour nous éclairer dans cette voie, dans la lumière de l'Esprit et nous guérir dans l'âme.
« Quand j'étais avec vous, ce n'est pas à moi que vous deviez ma présence, mais à la volonté de Dieu; c'est lui qu'il faut bénir au long des jours, lui qu'il faut chanter. »
Tob.12,18
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